INTRODUCTION

Roule, Sasha aborde la délicate question des personnes « en situation de handicap », à travers l’histoire et le quotidien d’un jeune lapin porteur d’une paralysie des membres inférieurs.

Pourquoi est-il important de parler de personnes « en situation de handicap » plutôt que d’utiliser l’expression encore trop courante de « personnes handicapées ». Arnaud Zighetti, personne concernée de 45 ans, s’exprime à ce propos :

« Je préfère me présenter comme une personne « en situation de handicap » et pas comme une personne handicapée ou un handicapé. Quand on me dit « handicapé » ou « handicapé mental », je trouve ça très violent. C’est comme une paire de claques à l’intérieur. Cela me fait mal. Avec ce mot, on nie ma capacité de penser. Le mot «handicapé » est une étiquette qui empêche de voir la personne. Quand on dit « en situation », c’est plus léger. Cela laisse de la place pour la personne. Moi, par exemple, je suis en situation de handicap et cela ne m’empêche pas de travailler, de jouer du violoncelle et d’avoir des sentiments.»[1]

Les termes « handicap » et « personne handicapée » apparaissent dans les années 1980, remplaçant des expressions fort réductrices comme « infirme », « invalide », « inadapté », « paralysé », ou encore « débile ». Des mots qui réduisent la personne concernée à sa particularité, et font même aujourd’hui figure d’insultes.

Au tournant du nouveau millénaire apparaît l’expression « personne en situation de handicap » qui, selon Britt-Marie Martini-Willemin, démontre un changement de cible. Le handicap n’appartient plus à la personne, il est produit par la société et dépend des situations particulières ; la personne porteuse d’une déficience sera donc en situation de handicap pour certaines activités mais pas pour d’autres.[2]

Cette nouvelle conception du handicap implique ainsi que la société (écoles, entreprises, administrations, citoyens, etc.) s’ajuste en supprimant les obstacles à la participation afin de devenir véritablement inclusive. Concrètement, cela signifie, par exemple, la construction de rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite, la mise à disposition d’outils pour faciliter l’accès à la lecture aux apprenant·e·s malvoyant·e·s ou présentant des troubles liés à la dyslexie, l’adaptation des rythmes d’apprentissage à chacun·e, la promotion d’une atmosphère ouverte, bienveillante.

Le 13 décembre 2006, l’Assemblée générale de l’ONU adoptait la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), convention ratifiée par la Suisse en 2014. La Suisse s’est ainsi engagée à promouvoir une société inclusive, qui implique de protéger les personnes porteuses d’un handicap contre les inégalités et les discriminations et à leur garantir le droit à une vie autonome.

Les objectifs de ce dossier pédagogiques s’inscrivent dans ce cadre, afin de promouvoir dans les classes notamment, une réflexion visant à reconnaître la personne porteuse d’un handicap comme étant membre à part entière de l’espace commun.

 

L’ALBUM

Roule, Sasha donne la parole à un enfant en situation de handicap. Comme il le dit, « ce n’est pas écrit sur son front », mais Sasha est porteur d’un handicap qui ne lui permet pas de vivre totalement comme la majorité de ses pairs. Il se déplace en fauteuil roulant, ce qui ne l’empêche ni d’avoir des amis, ni de vivre de jolis moments en famille, ni de faire du sport, ni surtout de penser, de ressentir des émotions et de rêver aussi… Dans sa tête, il a un petit moteur qui le fait vivre à mille à l’heure !

L’histoire de Sasha lui permet d’exprimer les difficultés qu’il rencontre dans son quotidien, mais aussi de souligner l’importance d’un environnement adapté pour lui permettre de gagner en autonomie.

 

L’AUTEURE

Écrivaine et scénariste française, Marie Sellier est auteure d’une centaine d’albums pour la jeunesse. Passionnée par l’art sous toutes ses formes, elle publie de nombreux ouvrages pour emmener le jeune public à la rencontre d’artistes célèbres. Elle publie également plusieurs ouvrages dans la collection Grandir des Éditions Loisirs et Pédagogie.

 

L’ILLUSTRATRICE

Diplômée de l’École des Arts visuels de Bienne et de l’École des Arts décoratifs de Strasbourg (atelier de Claude Lapointe), Catherine Louis vit et travaille dans le canton de Neuchâtel. Elle a illustré plus d’une centaine d’ouvrages, dont certains ont été traduits en allemand, italien, hollandais, anglais, tchèque, coréen et chinois.

 


NOTES

[1] Arnaud Zighetti, Bulletin insieme Genève, novembre 2018.

[2] Bulletin insieme Genève, novembre 2018.

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