
Maryne en concert au Passion Vinyl Festival 2023, à Mézières (Fribourg)
Photo © Kimmy_photography
Maryne est une jeune chanteuse pop originaire du canton de Vaud. Sœur de Bastian Baker, elle commence sa carrière musicale sous le nom de Submaryne et se produit dans divers établissements de la région en parallèle de ses études. En 2020, elle décide de changer de style musical, et modifie donc son nom de scène: ce sera désormais Maryne. Depuis la sortie de son premier EP en octobre 2021, l’artiste rencontre un succès grandissant, assurant notamment rapidement les premières parties des groupes suisses 77 Bombay Street et Pegasus.
Maryne n’ayant pas encore son propre site internet, voici deux liens pour découvrir son univers musical:
Écoutez son interview et répondez aux questions ci-dessous.
Tout d’abord, tu es de langue maternelle française mais tu as choisi de chanter en anglais, pourquoi ce choix ?
C’est venu très instinctivement, j’ai toujours chanté en anglais, ça m’est toujours venu en anglais, les mélodies, les paroles. Je pense que c’est parce que nos parents, quand on était petits, nous faisaient beaucoup écouter du Queen, du Radiohead, du Supertramp, du Elton John, beaucoup beaucoup d’anglophones, et du coup c’est venu assez naturellement et en plus j’ai commencé à écrire réellement mes premières chansons quand j’étais en Australie pendant un long voyage.
As-tu déjà envisagé de composer des chansons dont le texte serait en français ? Pourquoi oui ou pourquoi non ?
Oui, j’ai déjà chanté des chansons en français, j’avais fait une reprise de «Therapie TAXI» et «Roméo Elvis» qui s’appelait «Hit Sale», à l’époque, qui était en français, mais écrire en français pour moi c’est encore un nouveau challenge. Je ne suis pas sûre d’y arriver tout de suite mais en tout cas je garde la porte ouverte et peut-être qu’un jour oui, j’écrirai en français.
Se lancer dans une carrière musicale était-elle une évidence pour toi ou as-tu commencé par suivre une autre voie ?
Ça a toujours été une évidence parce que je chante depuis que je sais parler. J’ai toujours chanté, toujours eu de la musique à la maison, j’ai commencé la batterie très tôt, à onze ans. Mais j’étais aussi une grande fan de sport, j’avais fait troisième championne suisse de wakeboard et j’étais même entrée à l’école – dans une école spéciale qui s’appelle Auguste Piccard pour ça, pour le sport. C’est une école en fait où on avait congé tous les après-midis pour pouvoir justement s’entraîner dans notre sport ou s’entraîner dans la musique. Il y avait énormément de musiciens à Piccard et il y avait des «boxes» : c’était des pièces où il y avait piano et guitare et c’est là-bas que j’ai commencé le piano et la guitare et que j’ai commencé à m’entraîner, à écrire mes premières chansons. C’est aussi là-bas que j’ai rencontré Matthieu, mon pianiste encore aujourd’hui, qui était justement dans cette école pour le piano. Et j’ai commencé à faire mes premiers concerts. Donc – donc non, ça n’a pas été tout de suite une évidence que je ferais ça comme métier vu que j’étais beaucoup dans le sport mais c’est – ça a toujours été là. Ça a toujours été ma plus grande passion.
Quand et comment as-tu commencé à te produire publiquement (lieu et contexte) ? Y a-t-il eu un élément déclencheur qui t’a convaincue de te lancer ou as-tu été propulsée sur le devant de la scène ?
J’ai commencé à faire mes premiers concerts j’avais quatorze ans et c’était au restaurant de mon papa. Il a un restaurant à Lausanne et il avait poussé un peu les tables à gauche à droite pour que je puisse m’asseoir sur une chaise avec ma guitare et jouer quelques chansons. A l’époque, c’était – j’avais 2-3 chansons à moi déjà mais je faisais surtout des reprises, je faisais du U2, je faisais du John Lennon, et en fait même devant dix personnes, j’ai tellement aimé ce sentiment de pouvoir partager la musique, d’avoir les gens qui tapent dans les mains, qui chantent avec, que pour moi c’était comme une évidence que j’avais envie de faire ça toute ma vie. Mais c’était les tout premiers concerts, tous les premiers c’était au restaurant de mon papa, je faisais une fois par semaine pour m’entraîner et après j’ai commencé à jouer dans tous les bars de Lausanne: Le King Size, la Giraf, vraiment des bars où j’avais même pas l’âge légal pour y être mais j’allais faire des reprises de BB Brunes et France Gall, pour pouvoir entrer et faire un peu la fête. Donc c’est comme ça que j’ai commencé à jouer devant un public, et on apprend énormément en jouant comme ça parce que tout simplement, ben le public est pas là pour t’écouter, il est là pour boire des bières ou manger un burger et du coup il faut capter l’attention du public et je pense que c’est la meilleure école de faire justement – jouer dans des bars avant de jouer sur des vraies scènes.
Chanter n’est pas ton métier principal, peux-tu nous expliquer ce que tu fais et comment tu gères ces deux carrières en parallèle ? N’est-ce pas de plus en plus difficile étant donné ton succès grandissant ?
Alors chanter, pour moi, c’est mon métier principal, c’est pour ça que je vis, c’est ma passion, mais c’est vrai que j’ai un autre métier, que j’adore (je suis d’ailleurs en train de me préparer pour y aller (rires) c’est – je suis animatrice radio à la RTS et donc j’ai cette émission qui s’appelle «Tandem», de 16h à 19h. J’arrive encore à gérer les deux mais c’est vrai que le plus compliqué pour moi, c’est d’organiser mes programmes, de pouvoir organiser les concerts et les émissions. Je compte toujours sur le fait que les concerts vont tomber le samedi ou le vendredi tard, parce que c’est vrai que sinon toute la semaine eh ben je travaille, j’ai ce boulot d’animatrice radio, que j’adore. Pour l’instant, j’arrive à gérer les deux et on verra encore pendant combien de temps.
Quels sont, selon toi, les plus grands obstacles auxquels on se heurte lorsque l’on souhaite entamer une carrière musicale en Suisse ?
Je pense qu’il n’y a pas d’obstacles différents que dans les autres pays, c’est dur de toute façon de vivre de l’art, que ce soit – qu’on soit peintre, qu’on soit auteur, compositeur, interprète, chanteur, guitariste, bassiste, c’est compliqué de vivre de l’art parce que ce n’est pas un métier stable. On ne sait pas combien de semaines on aura sans concert, avec concert, on ne sait pas combien on touchera à la fin du mois et c’est pour ça qu’il y a beaucoup beaucoup de musiciens en Suisse qui font justement ce choix d’avoir un métier plus stable à côté qui permet de répondre aux besoins primaires et ensuite de pouvoir vivre de la musique par passion. Si on peut en vivre complètement, c’est exceptionnel, mais je dirais que les plus grands obstacles, c’est peut-être la différence de langue, parce qu’on parle quand même italien, allemand, romanche et français. Donc je dirais qu’il faut apprendre absolument le suisse allemand pour s’exporter et pour ne pas devoir parler anglais quand on va faire un concert en Suisse allemande.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à ceux qui rêvent de se lancer dans la musique, mais que l’entourage ne prend pas au sérieux ?
Ben tout simplement de ne pas écouter votre entourage, du moment où il y a quelque chose qui vous plaît, il faut y aller à fond. La musique, c’est une thérapie, ça aide à se sentir mieux, à extérioriser les sentiments et à pouvoir se sentir finalement bien, donc c’est une chose absolument exceptionnelle. Il faut absolument faire de la musique, peu importe ce que disent les gens autour de toi.
Quels sont tes plus grands souhaits dans les années à venir ?
J’aimerais énormément pouvoir vivre de la musique, ça ce serait réellement un de mes plus grands rêves – enfin c’est un de mes plus grands rêves – et du côté des scènes que j’aimerais faire, j’aimerais beaucoup beaucoup faire le Montreux Jazz Festival, et j’aimerais faire sur la scène «off», la scène gratuite, et si possible un vendredi ou un samedi soir. Pour moi ça serait vraiment le rêve et ça fait des années que j’y pense et j’espère un jour y arriver.
N.B. Depuis l'enregistrement de cette interview en avril 2023, Maryne a réalisé son rêve et s'est produite dans la partie «off» du Montreux Jazz Festival en juillet 2023.