PISTES PÉDAGOGIQUES

Durant la lecture de l’album

Cet album ne se limite pas à l’histoire de Camille. Tout au long de l’ouvrage, des questions permettront aux élèves d’évoquer leurs propres réalités, de s’exprimer sur des thèmes aussi variés que leur environnement, leurs émotions, leurs difficultés, leurs ressources.

Il importe donc de prendre le temps de les explorer, en portant attention aux éventuels jugements et/ou stéréotypes qui pourraient émerger, et bien sûr de les mettre en pratique, ce qui permettra de construire un environnement plus inclusif et respectueux de la diversité.

Il est ainsi recommandé de lire cet ouvrage en plusieurs étapes.

Pistes pour l’exploitation des questions

  1. Et toi, à quoi aimes-tu jouer ?

Cette question mettra sans doute en évidence la diversité des environnements familiers des enfants, qui croulent parfois sous une multitude de jouets alors que d’autres n’en possèdent qu’un nombre très limité. De très jeunes enfants passent déjà de longues heures à jouer avec des jeux électroniques ou sur l’écran alors que d’autres interagissent avec les membres de leur famille en jouant à des jeux de société. Les questions pourront donc aussi porter sur les interactions sociales et les règles éventuelles à respecter.

  • Est-ce que l’enfant joue de manière autonome ? Avec une autre personne ? Adulte ou enfant ? Quels sont ses jeux préférés ? Pourquoi ?
  • Que ressentent les enfants durant le jeu ? Du plaisir ? Un instant de calme ? Un espace de rêverie ?
  • Est-ce que les enfants font une distinction des différents types de jeu en fonction du genre ? À ce propos, l’activité 2 de la fiche pédagogique Halte aux stéréotypes, publiée en 2021 par E-Media, permettra d’aborder plus en détail les questions de stéréotypes dans la publicité et les jeux proposés aux enfants.
  1. Quels vêtements aimes-tu porter ?

Cette question permettra d’aborder les stéréotypes de genre liés aux tenues vestimentaires.

Demander aux enfants de nommer leurs tenues préférées :

  • Quelles sont-elles ?
  • Qu’en est-il des couleurs ? Est-ce que les enfants se donnent le droit de porter des vêtements de couleurs ? Toutes les couleurs ? Cette question amènera peut-être des réflexions telles que « les garçons ne portent pas de rose ». Sur quoi ce stéréotype repose-t-il ?

Prolongement possible

  • Demander aux enfants d’imaginer qu’une grande fête de la diversité est organisée à leur intention. Chaque personne peut porter les vêtements de son choix. Inviter les enfants à reproduire la tenue de leur rêve sous forme de dessin.
  1. Qui es-tu ?

Camille répond invariablement : « Je suis une fille. » À cette question, les enfants répondront peut-être par leur prénom… Leur sexe assigné ou leur identité de genre.

Il serait souhaitable ici d’élargir la question aux multiples facettes de l’identité. Les enfants pourront ainsi relever des éléments de l’ordre du relationnel (« Je suis l’amie ou l’ami de… ») ou d’une activité qui leur est chère (« je suis la gardienne ou le gardien de mon équipe de foot»), d’un adjectif qui pourrait les qualifier (« je suis drôle », « je suis sage »…).

La question pourrait aussi laisser libre court à l’imagination : je suis une personne célèbre, une personne dotée d’un talent particulier, etc.

Prolongements possibles

  • « Et si tu étais un métier, qui serais-tu ? » La question peut amener des réponses genrées qui ont trait à la profession (une fille voudra devenir coiffeuse, maîtresse d’école, alors qu’un garçon rêvera d’être pompier, informaticien, mécanicien).
  • La fiche pédagogique Halte aux stéréotypes publiée en 2021 par E-Media propose une activité destinée aux 6-12 ans. Elle permettra d’aborder les questions de stéréotypes dans les choix professionnels liés au genre, mais également les stéréotypes liés à l’origine, la religion dans d’autres domaines.
  • Le matériel pédagogique L’école de l’égalité, réalisé par la Conférence romande des Bureaux de l’égalité, et piloté par le Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du canton de Vaud, propose de nombreuses activités visant à accompagner une dynamique d’ouverture sur les questions d’égalité et de genre à l’école. Les mots qui blessent (cycle 1) et Les injures (autres cycles) constitueront un prolongement particulièrement pertinent ici.
  1. Et toi, qui te console quand tu es triste ?

Nous suggérons ici de se limiter à la question, et de ne pas chercher à identifier les causes potentielles de tristesse. Mais plutôt de porter une attention particulière aux enfants qui manifesteraient peut-être des émotions difficiles, auquel cas une approche individuelle serait encouragée.

Les enfants trouvent du réconfort chez les personnes de leur entourage familial, une personne amie… Mais peut-être aussi par un animal de compagnie, une peluche. Inviter les enfants à identifier la palette des ressources possibles.

La tristesse figure parmi une palette d’émotions que les enfants peuvent ressentir : la peur, la colère, la joie, le dégoût, le plaisir, etc. Cette question permettra aussi aux enfants d’identifier et de nommer d’autres émotions.[4]

  1. À quoi penses-tu avant de dormir ?

Cette question peut amener des réponses aussi diverses que «je pense à ma journée, à ce que je vais faire demain, au film que j’ai vu, à la dispute dont j’ai été témoin ou que j’ai vécue».

Quelles sont les pensées qui font du bien ?

Quelles sont celles qui rendent l’endormissement difficile ? Que font les enfants dans ces cas-là ?

  1. As-tu toi aussi un ami Papillon qui te parle avant que tu ne t’endormes ?

Camille est rassurée lorsque Papillon se pose sur elle avant qu’elle ne s’endorme. Les jeunes enfants ont souvent un doudou qui remplit cette fonction. Les enfants évoqueront sans doute d’autres ressources en répondant à cette question.

Au Guatemala, une tradition rapporte que les poupées à soucis (appelées aussi les poupées tracas) accueillent les confidences des enfants au moment du coucher. Et qu’au matin, les soucis se sont envolés… La Maison des Cultures du Monde en France propose un petit tutoriel pour en fabriquer une ici :

  1. Où aimerais-tu partir en voyage ?

Accorder ici une place aux rêves des enfants : Quelle serait leur destination ? Pourquoi ce choix ?

Des enfants évoqueront peut-être le souhait de se rendre dans leur pays d’origine, pour y retrouver des membres de leur famille qui leur manquent. D’autres mentionneront peut-être le souhait de se rendre à la mer, pour apprendre à nager quand il y a des vagues. Les réponses peuvent être diverses et leur permettront sans doute d’évoquer des espaces méconnus de leurs camarades.

On pourra souligner ici le fait qu’il ne faut pas forcément se déplacer très loin pour faire un beau voyage, vivre une expérience intense, faire une découverte ou ressentir un dépaysement. Quelques exemples parmi d’autres : aller jouer dans un parc, faire un pique-nique au soleil ou une excursion en montagne, etc.

  1. Et toi, quelle question aurais-tu posée à Camille ?

Établir la liste des questions que poseraient les enfants.

Leur demander de relever (écrire ou dessiner) une question que les enfants souhaiteraient poser à une personne du groupe.

Inviter chaque enfant à poser ensuite sa question, en soulignant que chaque personne a le droit de ne pas y répondre, et que l’on doit le respecter. L’activité fera peut-être émerger des questions « qui ne se posent pas » (par respect de l’intégrité personnelle par exemple). Dans ce cas, il sera important de le relever.

  1. As-tu déjà eu envie de dire quelque chose de spécial à tes camarades ? Que leur dirais-tu ?

Dire quelque chose de « spécial » est parfois difficile, surtout si son contenu est chargé émotionnellement. Utiliser un objet transitionnel (une marionnette par exemple) pourra faciliter l’exercice, tout en le rendant plus ludique.

Suggestion : fabriquer une marionnette à tige avec une boule de sagex que les enfants décoreront selon leur envie.

  1. Que fais-tu quand on se moque d’une autre personne ?

Dresser la liste des suggestions émises par les enfants.

Relever les ressources possibles : intervenir et agir, en parler à un·e camarade, s’adresser à un·e adulte (enseignant·e, médiatrice ou médiateur, autre membre de l’entourage).

Souligner que tout le monde joue un rôle important dans ce type de situation. Préciser qu’il importe de ne pas le tolérer et de ne pas minimiser. Préciser qu’intervenir et agir n’est pas une obligation si c’est compliqué, mais qu’il est important d’en parler à un·e adulte.

Demander aux enfants d’exprimer les émotions ressenties lorsque des moqueries sont émises à leur encontre peut être un moyen efficace de leur faire prendre conscience du besoin de se positionner en qualité de témoin lorsque cela se produit.

Se référer aux ressources de l’activité pédagogique Les mots qui blessent pour le cycle 1 et l’activité pédagogique Les injures pour les autres cycles dans l’École de l’égalité.

  1. De quoi as-tu besoin pour te sentir bien ?

Dresser la liste des réponses émises.

Inviter les enfants à s’exprimer sur les besoins à remplir dans le cadre de la classe/de l’école.

Rédiger une charte (illustrée avec les plus jeunes) que les enfants s’engageront à respecter.

Prolongement possible :

  • À l’occasion de la journée des droits de l’enfant du 20 novembre 2020, l’Institut des droits de l’enfant, en collaboration avec la Fondation Education21, a rédigé un dossier pédagogique à l’intention du corps enseignant et des fiches pédagogiques destinées aux élèves des cycles 1 à 3 sur le thème de la santé. De nombreuses activités sont proposées. Lien pour y accéder :

Activité 1 : Après la lecture de l’album

Discussion libre avec le groupe ou la classe :

  • Quelles sont les émotions ressenties par les enfants à la lecture de cette histoire ? (prendre soin d’accueillir les émotions difficiles avec bienveillance).
  • Leur demander d’indiquer le passage le plus marquant (parce qu’il dégageait de belles émotions, ou, au contraire, parce qu’il engendrait de la tristesse).

Exploitation d’extraits de textes

Camille aime beaucoup porter cette robe et danser, tourbillonner en sifflotant. Le tissu délicat tournoie lui aussi, avec beaucoup de légèreté. C’est un peu comme si Camille devenait un papillon qui dansait avec les nuages dans un ciel bleu.

Inviter les enfants à penser très fort à un instant de légèreté. Le mimer.

Camille se réjouit davoir pu échanger avec une personne qui la comprend.

Inviter les enfants à raconter une expérience similaire à celle vécue par Camille.

Activité 2 : Le monde de la diversité

Nous proposons ici de réaliser une création artistique collective qui permettra de visualiser très concrètement le monde de la diversité. Deux démarches sont suggérées ici :

Proposition 1 (6-8 ans)

  • Chaque enfant reçoit la photocopie du corps d’un papillon que l’enseignante ou l’enseignant aura dessiné.
  • Faire remarquer aux enfants que tout le monde reçoit le même dessin.
  • Leur demander de dessiner leur propre papillon en toute liberté, sans se conformer forcément à ce qu’est un papillon dans la réalité.
  • Demander également aux enfants de dessiner sur la feuille ce qu’ils aiment (un animal, une ou plusieurs personnes, une friandise, un objet, une activité).
  • Au moyen des dessins produits, réaliser un poster géant qui sera l’illustration de la diversité dans la classe.

Proposition 2 (8-10 ans)

  • Chaque enfant crée un personnage aux caractéristiques diverses (et même farfelues) au moyen de dessins, collages, matériaux de récupération.
  • Les différentes productions sont assemblées sous une forme définie par le groupe d’enfants. Le choix de la disposition devra être négocié au sein du groupe.
  • Le groupe conviendra d’un intitulé ou de slogans qui valorisent la diversité, à faire figurer sur l’œuvre.

Prolongement possible :

  • Effectuer une recherche sur la diversité dans le monde animal (le monde des papillons, par exemple), ou le monde végétal (les plantes mellifères, par exemple).

Activité 3 : Lien avec les droits de l’enfant

L’autodétermination implique pour chaque personne d’être reconnue, acceptée et respectée dans son identité de genre ressentie. Ce droit « confère le pouvoir de se donner à soi-même sa propre détermination, c’est-à-dire le pouvoir de choisir, entre plusieurs options, celle qui correspond à ses aspirations personnelles. Appliqué au corps humain, il donne ainsi à l’individu la faculté de choisir la manière de traiter son corps. Plus encore, le droit à l’autodétermination permet d’exiger d’autrui le respect de ses choix relatifs à son corps, dans le cadre de la vie privée (…) »[5]. Ce droit s’inscrit plus largement dans les droits humains, et plus spécifiquement dans la protection de la personnalité.

Le droit à l’autodétermination ne figure pas encore en tant que tel, ni dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, ni dans la Convention internationale des droits de l’enfant. En Suisse néanmoins, une prise en compte de ce droit a été amorcée.

Désireux d’améliorer la situation des personnes trans* ou/et intersexuées, le Parlement a adopté le 18 décembre 2020 le texte d’un nouvel article du Code civil permettant aux personnes trans* et aux personnes intersexuées de modifier leur sexe administratif à l’aide d’une procédure simplifiée. Le projet n’ayant pas fait l’objet de demande de référendum, le Conseil fédéral prévoit son entrée en vigueur au 1er janvier 2022.

Dans la phase de découverte des droits de l’enfant suggérée dans cette activité, il sera important d’associer le droit de toute personne trans* d’être reconnue et respectée au droit de toute personne d’être protégée contre toute forme de discrimination en raison de son genre.

Cette activité a pour objectif d’établir un lien entre l’histoire de Camille et les droits de l’enfant. Tout droit étant associé à un devoir, l’objectif est également d’identifier les devoirs de chacune et chacun pour favoriser le respect de ces droits.

Démarche proposée :

  1. Oralement, demander aux élèves de définir ce qu’est un droit, puis d’élargir la réflexion aux droits de l’enfant.

La courte vidéo suivante permettra d’expliciter le cadre juridique de la convention :

Un jour – une question : C’est quoi les droits de l’enfant

  1. Distribuer le document Les 10 principaux droits de l’enfant réalisé par Terre des Hommes.
  • Dans l’histoire de Camille, quels sont les droits qui doivent être respectés ?
  • Quels devoirs et quelles responsabilités impliquent-ils pour l’entourage (les camarades de classe, l’école, la famille, la société) ?
  1. Individuellement, les élèves choisissent un droit important qui permette à Camille d’être respectée. Chaque enfant met ensuite ce droit en scène sous forme de dessin, en faisant figurer Camille dans sa production.

Prolongements possibles :

  • L’Institut international des droits de l’enfant a réalisé de nombreuses fiches pédagogiques qui permettront d’asseoir les connaissances acquises. 
  • La Conférence romande des Bureaux de l’égalité (egalite.ch) met à disposition quatre ouvrages proposant de nombreuses activités pédagogiques pour intégrer les questions de genre à son enseignement. Le matériel pédagogique L’école de l’égalité est composé de quatre brochures s’adressant à l’ensemble de la scolarité obligatoire (1 à 11e années). Ces brochures proposent des activités en lien avec le Plan d’études romand et les disciplines scolaires. Elles peuvent être téléchargées librement sur internet.

 

NOTES

[4] La roue des émotions proposée dans les activités précitées Les mots qui blessent et Les injures qui figurent dans les outils L’école de l’égalité de même que La couleur des émotions (Anna Llenas, Édition Quatre Fleuves, 2014) permettront d’explorer ce domaine plus en profondeur.

[5] Le droit à l’autodétermination de la personne humaine, Scarlett-May Ferrié, IRJS Éditions, 2018.

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