
Les enseignant·e·s sont invité·e·s à effectuer les différentes activités proposées tout au long de l’année scolaire, l’action étant bien plus efficace si la démarche est poursuivie sur plusieurs mois. Des moments proches de la journée des droits de l’enfant (20 novembre), la journée mondiale des réfugié·e·s (le troisième samedi de juin) ou la semaine de lutte contre le racisme (autour du 21 mars) constituent, par exemple, de belles occasions d’aborder ces thématiques.
Bien que s’inscrivant dans la littérature enfantine, ce livre a la particularité de restituer une histoire qui s’est réellement déroulée. Il importe de souligner qu’il ne s’agit pas d’une fiction. Inviter les élèves à nommer ou à apporter en classe des ouvrages du même type pourrait être intéressant et permettrait de relever la grande diversité qui s’observe dans la littérature enfantine.
Cet album ne se limite pas à l’histoire d’Hasan. Tout au long de l’ouvrage, des questions permettront aux élèves d’évoquer leurs propres réalités, de s’exprimer sur des thèmes aussi variés que leur environnement familier, leurs émotions, leurs difficultés, leurs ressources.
Il importe donc de prendre le temps de les explorer, en portant attention aux éventuels jugements et/ou stéréotypes qui pourraient émerger, et bien sûr de les exploiter, ce qui permettra de construire un environnement plus inclusif et respectueux de la diversité.
Selon le quotidien Le Monde, 3,5 milliards d’êtres humains à travers le monde utilisent leurs doigts pour manger [1], une réalité qui balaie l’interprétation stéréotypée selon laquelle manger à la main est une habitude réservée aux plus démuni·e·s. Il est courant de se nourrir ainsi dans la quasi-totalité du monde musulman (très largement en Afrique, en Asie du Sud-Ouest et centrale), mais aussi dans certaines régions d’Océanie et d’Amérique du Sud. La main gauche étant souvent considérée comme impure pour des raisons religieuses ou de tradition, c’est la droite qui est utilisée. Il est habituel de se laver les mains avant le repas, à plus forte raison si celui-ci est pris dans un plat commun (le « bol » du Sénégal, par exemple). Notons également que même dans nos cultures, il est accepté de manger certains aliments à la main (les frites, le poulet, …).
Les élèves ne manqueront pas de relever d’autres façons de faire, pratiquées peut-être dans leur environnement familial. Ainsi selon les cultures sera-t-il habituel d’utiliser:
Prendre un repas en commun relève d’un rituel universel. Les façons de le faire (quels sont les ustensiles utilisés, que fait-on ou ne fait-on pas à table) [2] illustrent une riche diversité de pratiques à respecter.
Proposition: établir une liste des façons de manger, identifier des régions du monde où ces pratiques sont répandues, compléter la recherche en énumérant quelques mets (voir recettes) dégustés là-bas.
Il est souvent difficile pour des personnes réfugiées d’évoquer leur parcours, aussi doit-on toujours prendre soin de les laisser s’exprimer spontanément plutôt que de leur poser des questions. En effet, les nombreux interrogatoires ayant jalonné leur parcours migratoire rendent parfois cette narration plus pénible. Relevons aussi que dans cet album, Hasan a sans doute raconté son histoire en raison de l’empathie sincère que lui a accordée le narrateur/la narratrice.
En préambule, demander aux élèves de s’exprimer par rapport à cette confidence. De leur point de vue, est-ce facile de raconter une histoire aussi difficile ? Pourquoi Hasan l’a-t-il fait ? Était-il en confiance ? Comment une relation de confiance s’instaure-t-elle ? Est-ce que cette confidence a changé quelque chose dans le groupe ? Si oui, à quel(s) niveau(x) ?
Dans un deuxième temps, proposer (et ne pas imposer !) aux élèves de raconter une histoire blottie dans leur cœur. Leur offrir la possibilité de le faire en utilisant un objet transitionnel (la raconter à une poupée ou à une marionnette, par exemple).
Dresser la liste des suggestions émises par les élèves.
Relever les ressources possibles: intervenir et agir, en parler à un·e camarade, s’adresser à un·e adulte (enseignant·e, médiatrice ou médiateur, autre personne de l’entourage).
Souligner que chacun·e joue un rôle important dans ce type de situation. Préciser qu’il importe de ne pas tolérer les moqueries et de ne pas les minimiser. Préciser qu’intervenir et agir n’est pas une obligation si c’est compliqué, mais qu’il est important d’en parler à un·e adulte. Agir relève de la responsabilité de chacun·e à préserver le bien-être des autres.
Demander aux élèves d’exprimer les émotions ressenties lorsque des moqueries sont émises à leur encontre peut être un moyen efficace de leur faire prendre conscience du besoin de se positionner en qualité de témoin lorsque cela se produit.
Se référer aux ressources d’activités pédagogiques Les mots qui blessent pour le cycle 1 et l’activité pédagogique Les injures pour le cycle 2 dans l’École de l’égalité [3].
Les personnes en fuite n’ont que rarement l’occasion de préparer leur départ. Outre les biens de première nécessité (leurs papiers d’identité, quelques vêtements, un peu de nourriture pour survivre quelques jours), ils emportent souvent des objets émotionnellement puissants (des photographies, un bijou, l’écharpe de la mère, un porte-bonheur…) ou qui pourraient être vendus en cas de besoin (des bijoux).
Demander aux élèves de nommer l’objet qu’ils emporteraient, et la raison de leur choix.
En fonction du vécu des élèves, cette question peut amener des réponses aussi diverses que «la mer, la première fois que j’ai vu la neige, le désert, un village abandonné…».
Demander aux élèves d’exprimer les émotions ressenties à ce moment-là. Leur demander aussi d’exprimer comment ils avaient imaginé ce paysage avant de le découvrir dans la réalité.
Suggestions:
Les migrant·e·s qui ont vécu une telle expérience évoquent bien sûr le plus souvent la peur (peur de l’eau, peur de se noyer, peur de mourir). Ils et elles évoquent également la prière comme moyen utilisé pour dépasser cette angoisse du voyage.
Après avoir nommé le ressenti d’Hasan, leur demander d’émettre des hypothèses sur la façon dont l’enfant a géré sa propre peur (Hasan tient dans ses mains le petit bonhomme taillé par son père, le considérant sans doute comme un porte-bonheur).
Lorsque les migrant·e·s débarquent sur les plages, des équipes de bénévoles sont souvent sur place pour les accueillir. Ces personnes s’engagent quelques semaines, quelques mois parfois pour accomplir un acte solidaire et apporter de l’aide aux personnes en détresse. Il n’est néanmoins pas nécessaire de se trouver dans une situation aussi extrême pour apporter de l’aide à une personne qui en a besoin.
En fonction des cultures et de leur vécu, les réponses pourront être multiples. Ainsi les élèves pourront évoquer l’aide apportée en famille (aide au ménage, garde des enfants plus petits, soutien à une personne âgée), à l’école (aider un·e camarade qui rencontre des difficultés dans une branche ou une situation particulière), dans la rue (aider une personne à traverser la route), etc.
Souligner l’importance de se décentrer parfois afin de percevoir l’aide dont pourraient avoir besoin les personnes qui nous entourent, de renoncer parfois à son propre plaisir pour permettre à l’Autre de se sentir bien. Souligner également le plaisir ressenti en effectuant un acte solidaire, et relever son importance dans une société qui tend à renforcer l’individualisme.
Prolongement: expliciter le sens du mot «solidarité» et l’illustrer par des exemples concrets.
Dans cette histoire, Hasan se sent mieux dès que ses camarades cessent de se moquer de lui. La proximité de Mateo (qui s’approche de lui et pose sa main sur sa jambe) joue également un rôle important.
En préambule, demander aux élèves d’exprimer ce dont ils ont besoin pour se sentir bien (se sentir accueilli·e, aimé·e, être sollicité·e pour participer à un jeu ou à une activité). Ces besoins sont-ils satisfaits ? Sinon, comment faire pour y remédier ?
Revenir à la question initiale et établir la liste des idées émises par les élèves.
Leur demander ensuite s’ils connaissent dans leur environnement des personnes qui pourraient avoir besoin de leurs propositions.
La langue est un vecteur important dans le processus d’intégration. Sans doute les réponses apportées à cette question auront-elles trait à cet aspect précis.
Il importe ici de relever aussi les éléments ayant trait à l’intégration sociale (inviter Hasan à la maison, lui apprendre des jeux pratiqués par les enfants dans notre environnement).
Établir avec la classe une liste d’idées concrètes pour favoriser l’intégration d’un·e autre enfant. Quelles sont celles qui pourraient être mises en place au sein de la classe ?
Inviter à témoigner les élèves qui auraient vécu une expérience dans ce domaine.
Hasan sait cuisiner, parce que dans sa culture, les enfants très jeunes sont souvent amenés à assumer des responsabilités. Il sait aussi soigner une brûlure, peut-être parce qu’une personne, dans sa famille, le lui a appris. L’objectif de cette question est de mettre en évidence toutes les compétences acquises dans un domaine autre que scolaire (apprentissage réalisé dans un club sportif ou artistique, langue acquise dans la famille, habileté enseignée par les parents ou les grands-parents).
Dresser la liste des suggestions émises par les élèves.
Suggestion: en fonction des réponses fournies et de l’intérêt, organiser des ateliers découvertes animés par un·e enfant, une personne de son entourage (initiation à une langue méconnue, préparation d’un plat, découverte d’un jeu, …).
Discussion libre avec le groupe ou la classe:
[1] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/01/23/fourchettes-doigts-baguettes-avec-quoi-se-nourrissent-les-7-5-milliards-d-humains_5413471_4355770.html
[2] https://www.wimdu.fr/blog/10-coutumes-etonnantes-dans-le-monde-a-lheure-des-repas
[3] La roue des émotions proposée dans les activités précitées, Les mots qui blessent et Les injures qui figurent dans les outils L’école de l’égalité de même que La couleur des émotions (Anna Llenas, Éditions Quatre Fleuves, 2014) permettront d’explorer ce domaine plus en profondeur.